Une place forte à Nîmes
La construction de la citadelle devait permettre de contrôler la ville de Nîmes, foyer du protestantisme régional. Elle faisait partie d’un réseau de places fortes ceinturant les Cévennes, principal bastion protestant du royaume. Plusieurs sites ont été réaménagés et trois citadelles construites ex nihilo celles d’Alès, de Saint-Hippolyte et de Nîmes. Le projet fut confié à Jean-François Ferry, ingénieur du roi Louis XIV et Jean Papot, architecte du roi et approuvé par l’intendant du Languedoc Nicolas Lamoignon de Bâville le 9 mai 1687. La réalisation des travaux a été menée par Jacques Cubizol, architecte nîmois et l’ingénieur Jean-Baptiste Minet.
C’est en effet à tort que l’on nomme cette citadelle « Fort Vauban » même si Jean-François Ferry a proposé une construction dans la lignée des réalisations du célèbre ingénieur et architecte militaire. Ce dernier est en effet occupé à des travaux plus importants et cela jusqu’en 1707.
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La citadelle imaginée par Jean-François Ferry s’inspire fidèlement des réalisations de Sébastien Le Prestre de Vauban : elle se compose d’un parallélogramme doté « de 4 bastions d’angles, entouré d’un fossé de 9m de large et d’un chemin couvert surélevé formant une enceinte bastionnée supplémentaire dont les 4 places d’armes constituent des demi-lunes »1. La place d’armes centrale pouvait accueillir environ 500 soldats.
L’ingénieur du roi apportera sa touche personnelle à l’édifice en dotant la porte d’entrée principale d’une œuvre stéréotomique représentant une coquille Saint-Jacques.
Le choix de l’emplacement
L’endroit choisi pour construire la citadelle fut un rocher situé hors des murailles de la ville, à la limite nord-ouest, permettant de commander la cité et de contrôler la route des Cévennes. Autre particularité notable, cette colline contenait en sous-sol une nappe d’eau permettant d’alimenter la place forte mais elle était aussi et surtout traversée par l’aqueduc antique qui finissait sa course dans un « château d’eau » alimentant la ville, le Castellum Divisorium.
L’édification de la citadelle poussa par la suite la municipalité à démolir les remparts médiévaux et à construire un mur extérieur depuis la Bouquerie jusqu’à la porte des Carmes, en contournant le faubourg des Prêcheurs.
Un chantier traumatisant
Il n’aura fallu qu’une année après les fondations du premier bastion pour mener à bien la construction de la citadelle. Le 30 mai 1688, le régiment de Vivonne y était déjà installé. Ce chantier a été promptement mené pour un ouvrage de cette ampleur. Il aura nécessité l’emploi de pas moins de deux mille hommes !
Les Nîmois de l’époque ont vu leur quotidien véritablement bouleversé par la construction de la citadelle. Dans le faubourg des Prêcheurs qui jouxtait le site choisi se côtoyaient les habitations modestes et les demeures bourgeoises, les vergers, les jardins potagers… Trois jours ont suffi pour raser les cinquante parcelles touchées par la campagne de démolition et pour exproprier les habitants épouvantés qui auront à peine le temps d’enlever leurs meubles ou de déménager.
Un deuxième choc survient avec la poursuite du chantier et l’aplanissement du terrain. Pendant plusieurs mois en effet, Nîmes a vécu au rythme des bruits d’explosifs, de la forge, des fours à chaux, des convois de matériaux…
La citadelle conserva ses fonctions militaires jusqu’à la Révolution.
> Consulter le détail de cette période sur le site Nemausensis.com
> Métamorphoses d’une ville – Nîmes de la renaissance aux lumières de Line Teisseyre-Sallmann – Editions Champ Vallon p.246-253
> Centre de ressources pour la gestion du patrimoine fortifié – Les fortifications de Vauban en France – Nîmes
Références :
1. CAUE du Gard Le Fort de Nîmes ou le défi de transformer une forteresse en université – Quelques pistes pour la classe – avril 2010